myrzouick

écrire, scénariser et mourir vite...

18/04/2022

versions

Combien de versions faut-il pour qu'une histoire, qu'un livre, en particulier, soit celui attendu par l'auteur ?
Combien de versions faut-il pour oser le proposer, le montrer à quelqu'un de plutôt neutre ? Au-delà des coquilles, des fautes de frappes ou d'orthographe (il y en a beaucoup trop dans ce blog et j'en suis désolé), combien faut-il de relecture, de rature et de corrections pour finir un livre.

Comme vous le savez peut-être, j'écris en ce moment un livre.
Les Mondes Elementaires.
Depuis 15 ans (d'après mes premiers brouillon et mon initiation aux JDR) j'ai ce projet de faire un livre de fantasy - low-fantasy - et en 2020, le confinement aidant (je ne suis pas un travailleur essentiel) j'ai finalement pu finaliser mon histoire.
Il a donc fallu 2 ans de plus pour le lire, le relire et le corriger...

Alors pourquoi ne pas le montrer ?
Combien de versions faudra-t-il encore ?

Tout d'abord, il y a le stress, bien qu'il soit mêlé à l'envie de se montrer, il est toujours stressant de présenter son oeuvre, son livre.
Dans mon cas, et puisque je le dis depuis le début de ce blog, j'ai l'impression que c'est pire car je me confie bien plus dans mes personnages que dans la réalité. Un écrivain (aussi amateur soit-il) n'écrit qu'avec ses références - qu'elles soient intellectuelles, culturelles, sentimentales.

Donc combien faut-il de version pour oser ?
Combien faut-il de version pour dire : "cette fois, je la fais lire, je la donne et même plus, je l'envoie !"

Listing des versions :
V1 (first fumble) = 45.326 mots (non finalisée)
V2 = 46.830 mots (non finalisée)
V3 = 61.030 (non finalisée)
V4 = 64.913 mots (non finalisée)
V5 = 96.997 mots (non finalisée)
V6 = 140.220 mots (non finalisée)
V7 = 145.565 mots
V7.1 = 146.646 mots
V7.2 = 149.644 mots
V8 = 152.211 mots
V9 = 161.163 mots
V10 = 169.171 mots
V10.1 = 169.373 mots - avec annexes 170.672 mots.

Le livre est donc terminée depuis la version 7 (pour les autres, à chaque fois, je réécrivais complètement des pans entier de l'histoire).
Dès la version 7, chacune des versions majeures correspond à une correction complète, les versions intermédiaires par des réécritures de passages choisis.

en finir

Donc, combien faudra de version pour en finir pour de bon ?

Je sais que si je commence à me relire, je vais retrouver à redire.
Je n'ai peut-être pas été assez précis ici, je dois plus décrire là, ajouter une phrase ici, retirer un paragraphe... Changer le sexe d'un personnage (je l'ai fait ça d'ailleurs).
Je sais que je pourrais tout modifier, me remettre à tout réécrire, oublier les copier/coller et en faire une oeuvre à jamais inachevée.

N'est-ce pas finalement le propre d'une oeuvre ?
Toutes les histoires, les contes, les légendes sont-elles condamnées à restées inachevées ?
Le Monopmythe par exemple nous apprend que chacun peut s'approprier une structure pour raconter une histoire différente avec les mêmes éléments, les mêmes archétypes. Ainsi, de par sa nature, le monomythe - et je sais que c'est pas la meilleure référence littéraire mais je m'en cogne un peu - est à jamais inachevé. Car il aura toujours une autre histoire qui le complètera.

Même les légendes, la mythologie grecque par exemple, peut être réécrite. En fonction des auteurs, des éditions, des traductions. Si dans l'ensemble Ulysse reste Ulysse, mais les variations existent, les discussions continuent.
De même God Of War par exemple est une relecture des mythes grecs plutôt cohérente. Ce qui veut dire qu'une fois encore des auteurs peuvent s'approprier les histoires qui semblent inachevées et en tirer une nouvelle vision.

Dans le domaine des légendes, je pourrais parler de Stan Lee qui a fait de ces personnages de véritables terrains de jeux pour des auteurs qui ont chacun leur version des Spiderman, Wolverine et autres Hulk.
C'est pareil dans l'écurie d'en face, ou dans les James Bond.
Chaque conteur nous apportant une vision (qu'on aime ou qu'on déteste). Batman est éternel. Son histoire ne sera jamais achevée tant qu'il y aura quelqu'un pour la continuer.

Mais revenons sur le sujet principal, bien que ces histoires ne soient pas achevées, il y a quand même un instant où l'auteur originel a décidé qu'elle méritait d'être diffusée quelque soit l'appréciation de son public. Et c'est ce moment là que je cherche aujourd'hui.
Quand pourrais-je enfin me lancer ?

raturée

Il y a quelque chose que je dois quand même avouer...
J'aime les ratures rouges sur mon livre, les textes écrits dans les marges, les ronds. J'aime (et mon moi du futur déteste) les commentaires du genre "à réécrire" sans plus de précision. J'aime ces pages raturées où je me hais de voir autant de rouge. J'aime l'insécurité de me dire que j'ai ajouté autant de choses.

Je ne sais pas pourquoi, en préparant cet article, j'avais en tête que Beethoven était un sagouin avec ses partitions.
Et bah oui, contrairement à Mozart semble-t-il, il rature, il laisse les taches d'encres, il écrit comme un bourrin.
Et je comprends. ça me plait.
Ces ratures sont belles.
Mes brouillons sont parmi les choses que j'ai de plus précieux. Ils disent, eux aussi, quelque chose de moi.
Alors il n'y aura jamais de version définitive...

mon livre raturée

En plus, comme vous le savez car je l'écris depuis quelques temps dans ce blog.
Je pense que les conteurs doivent se refiler les histoires, les compléter, les amender, les réécrire, les relire.
Sans oublier l'auteur originel. Le fondateur dira-t-on. Celui qui a écrit et osé finir son histoire.

épilogue...

Tout ce qui a commencé doit finir, ai-je entendu un jour.
Alors il faut que je finisse ce livre, que je présente enfin ce que j'ai pu écrire durant ces longues années pour enfin... commencer le tome 2 !
Écrire des nouvelles de nouveau.
Reprendre ce blog plus régulièrement !
M'intéresser réellement pour mon véritable boulot...

Reste un point quand même que je voudrais éclaircir.
Une fois qu'on décide que tout est terminé. On ne peut plus revenir dessus. C'est le plus flippant dans l'histoire. Se dire que l'histoire sera figée à jamais.
N'est-ce pas Georges ?

On a tous le droit de réécrire son histoire, on le fait en permanence. On s'invente des légendes, on raconte différemment des instants passés. On porte un autre regard sur notre vie, sur une expérience.
On comprend mieux notre passé cela nous permet de l'amender.
On vit mieux, on oublie, on s'adoucit... On se ment parfois... Mais c'est l'histoire qui change.

Quand on raconte une histoire, on s'attache à certains personnages, on s'attarde sur certains détails. Et le fait de la résumer en fait presque parfois une nouvelle histoire et fait naitre de nouvelles attentes.

C'est le problème avec ce que certains appellent le récit national. On se concentre seulement sur la partie de l'Histoire qui nous intéresse. Et autant pour une légende ou un conte, on peut en tirer des enseignements différents sans trop de conséquences, autant pour l'Histoire avec un H majuscule il faut être prudent quand on veut en faire un récit historique et non une histoire.
Il y a l'Histoire et les histoires.
Dans tous les cas, le mieux c'est de les raconter encore et encore pour mieux les analyser et les découvrir.

Bref, j'en suis à ma 10ème version de ce récit que je réécris désormais depuis deux ans.
Il faut en finir enfin.
En finir... Certes.
Mais ne jamais l'achever.

A bientôt.
Portez-vous bien.
Et surtout, surtout, ne laissez pas le fascisme prendre le pouvoir.
Car leur histoire ne souffre d'aucun autre conteur qu'eux mêmes.

Bonne semaine.

à suivre...

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