myrzouick------------X---

écrire, scénariser et mourir vite...

20/12/2023

l'intention

"Il ne faut pas s'arrêter à l'intention de l'auteur"
Pourquoi cette phrase de Moguri dans un Cosy Corner a fait tilt ?

Parce qu'il a raison...
Nous nous sommes tous plus ou moins moqués - ou du moins étions-nous taquins - lorsque notre professeure de français décryptait l'intention de l'auteur qui lorsqu'il écrit :
"le ciel est bleu"
veut en fait dire
"qu'il est heureux de retrouver la liberté sans nuage, sous la voute immaculé du monde, comme une sorte de virginité retrouvé, l'auteur parle en fait de sa maitresse perdue qu'il a laissé et de ce moment où ils étaient amants sans penser au lendemain"
...
Le plus attentifs comme moi ne comprenaient pas où elle pouvait trouver la source de cette explication, les plus râleurs exprimaient leur indifférence dans un sourire goguenard.

Certaines intentions sont documentées, parfois par les auteurs eux-mêmes, et méritent d'être étudiées. On connait leur vie, on peut deviner, soit lire dans leur journaux, leur courriers, leur ratures, les intentions derrière un texte.
Les éditions des Saint Pères proposent des livres manuscrits et raturés (comme j'aime) magnifiques. Comme c'est Noël, n'hésitez pas !

Mais d'autres ne le sont pas. Et bien que trop courte, on peut - on doit - considérer que l'oeuvre sus-nommée ne se limite pas à la couverture ou à la pellicule.
Et faire ce que l'humain sait faire de mieux : interpréter.

Alors des fois, c'est les auteurs qui en rajoute pour que leur œuvres deviennent plus complexe parce qu'ils pensent à des trucs après coup.
C'est le jeu préféré de JK Rowling, de certains scénaristes peu inspirés et autres auteurs pris de court par une foule qui demandent des comptes.

Ceux là ont donc bien l'intention de corriger, d'amender, de ne pas laisser la place au lecteurs.
Car il y a pourtant dans un texte, comme Umberto Eco le disait - et je l'ai cité récemment, des espaces blancs, intentionnels, des respirations faites pour laisser libre court à l'interprétation et bien entendu aux interprétations des intentions de l'auteur.
C'est un contrat. Je considère que tu comprendras ce que j'écris et tu considères que je sais que je n'ai pas besoin de te tenir la main.

Mais comment voir l'intention derrière des phrases, des lignes de dialogues, dans les interstices ?

Surtout que devenant auteur moi-même, je finissais par me rendre compte que je ne me préoccupais pas de savoir ce que je voulais dire quand j'écrivais quoique ce soit.
Je n'ai jamais cherché à cacher des codes, à cacher des pensées.
Bref...
Mon intention à moi c'est de décrire le plus justement ce que mes héros voient pour mettre le lecteur dans un contexte clair et familier.

sub-conscient

Sauf que !
Il y a forcément des influences marquées, des intentions cachées. Même moi je ne peux garantir que tout ce que j'ai écrit n'est que purement descriptif.
Il y a des choses qui craquent, qui popent dans mon esprit. Il y a des traumas qui remontent, des envies qui se découvrent.
Dans chacune de mes phrases une intention cachée. Derrière chaque choix de mot, une envie, un indice - genre le bel indice couleur rouge... non fraise !
Derrière chaque description finalement un état de ce que je vois du monde. Mes envies, mes combats, mes indignations.
J'en viens à me relire parfois et à comprendre ce que je pensais à ce moment là, à me reconnaitre alors que j'ai changé, que je suis devenu un peu plus cynique, un peu plus concentré sur certains soucis, un peu plus conscient.
Je me rends compte, je sais que j'ai écrit des choses dans des moment qui se rapproche de la divination (un truc que je hais d'ailleurs - mais au regard de ce que j'ai vécu ensuite, tout est plus clair).

Et nos profs de français dans tout ça, ils et elles sont les seuls à étudier quelqu'un autant qu'une oeuvre, en retrouvant contexte et intentions... En lisant avec assez de recul et d'analyse quelque chose qui parle de notre temps, de leur temps.
Il ne faut pas chercher bien loin pour voir de grandes références comme Orwell et comment on peut deviner les intentions derrières l'auteur.

Alors pour le coup, l'exemple est évident, mais il y a des intentions cachées dans tout !

Alors quand je veux raconter l'histoire d'un roi maudit, seul, qui cherche à revivre au travers de ses enfants, il y a quelque chose en moi qui m'a poussé à l'écrire.
Quelque chose qui m'a isolé, qui m'a mis KO et qui me fait me retourner vers ce qui est essentiel.
Et comme tout est méta, tout est bien là...

Même en écrivant de la fantasy avec des personnages à mille lieux de moi, j'écrirais quelque chose de personnel.

épilogue 2023

Les auteurs sont des êtres influençables et influenceurs qui lancent, traitent et récupèrent des idées qui se répondent depuis la nuit des temps.

L'originalité des uns abreuvent les autres, les contes racontés autrefois pour rassurer sont désormais le socle de nouveaux classiques, de nouvelles exceptions.
Les légendes sont lus et relus, décortiquées, réadaptées.
Et de nouveaux univers sont créés.

Néanmoins, nous racontons toujours une histoire commune et personnelle. C'est le paradoxe des auteurs et des autrices. C'est ça qui
Nous interprétons tous une partition de la manière la plus intime que nous pouvons.

Et si certains crachent aujourd'hui sur le monomythe simpliste, il n'en est pas moins que tout a déjà été raconté mille fois, néanmoins...
Rien n'a été raconté une fois par vous !

Et je ne vois pas comment mieux finir 2023...
Passez de bonnes fêtes.
Profitez de bons moments.
Et surtout, surtout n'oubliez pas de raconter votre histoire.
Elle est importante. Pour vous. Pour les autres. Vos intentions sont louables.

Vous savez qui je suis et ce que je deviens.
On se revoit en 2024 !
Bonne révolution*.

* et par révolution, l'auteur veut bien entendu parler du cycle parcouru par la terre autour du soleil, à moins que... en remettant cet écrit dans son contexte...